KAZAN by j o curwood

KAZAN by j o curwood

Auteur:j o curwood [curwood, j o]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: galaxie
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE XV

LA PISTE DE LA FAIM

Il y avait cent quarante heures que Kazan et Louve Grise n’avaient pas mangé. Ce jeûne prolongé se traduisait chez la louve par un malaise croissant et une douleur aiguë de l’estomac. Pour Kazan, c’était l’inanition presque complète. Leurs côtes, à tous deux, saillaient de leurs flancs creusés, et leur arrière-train s’était comme rétréci. Les yeux de Kazan étaient injectés de sang et ils clignotaient, dans la fente étroite des paupières, lorsqu’il regardait la lumière.

Louve Grise, cette fois, ne se fit point prier pour suivre Kazan, lorsque celui-ci partit en chasse sur la neige nue.

Impatient et plein d’espoir, le couple s’en alla d’abord visiter une partie du marais où les lapins blancs, d’ordinaire, étaient fréquents. Ils n’en trouvèrent aucune trace, aucune odeur. Ils revinrent sur leurs pas, en décrivant un fer à cheval, mais tout ce que leur flair leur désigna fut un hibou, haut perché sur un sapin.

Ils repartirent, déçus, dans une direction opposée à celle du marais et escaladèrent une crête rocheuse, qu’ils rencontrèrent. Du sommet, ils interrogèrent l’horizon, mais ne découvrirent rien d’autre qu’un monde sans vie.

Vainement Louve Grise reniflait l’air, de droite et de gauche. Quant à Kazan, son ascension l’avait tellement essouflé qu’il en haletait, la langue pendante. En revenant bredouille au gîte, il trébucha sur un obstacle insignifiant, qu’il avait tenté de franchir d’un bond. Sa faiblesse et celle de Louve Grise ne faisaient qu’augmenter, de même que leur faim.

Pendant la nuit, qui était lumineuse et pure, ils recommencèrent à fouiller le marais. La seule créature qu’ils entendirent remuer fut un renard. Mais ils savaient trop bien qu’il était futile d’espérer le gagner à la course.

Soudain, la pensée de la cabane abandonnée d’Otto, le chasseur de fourrures, vint à Kazan. Dans son cerveau, cabane avait toujours été synonyme de chaleur et de nourriture. Il ne songea pas que la cabane enclosait la mort et que devant elle, lui et Louve Grise avaient jeté le hurlement funèbre. Et il fila droit dans cette direction. La louve aveugle le suivit.

Chemin faisant, Kazan continuait à chasser, mais sans conviction. Il semblait découragé. La nourriture que devait enfermer la cabane était son dernier espoir.

Louve Grise, au contraire, demeurait alerte et vigilante. Sans cesse elle promenait son nez sur la neige et reniflait l’air.

L’odeur tant désirée vint enfin. Elle s’arrêta, et Kazan fit comme elle. Tendant ses muscles déprimés, il la regarda qui, les pattes de devant plantées dans la neige, dilatait ses narines, non dans la direction de la cabane, mais plus à l’est. Tout le corps de la louve frémissait et tremblait.

Un bruit imperceptible et lointain encore arriva jusqu’à eux et ils prirent leur course de ce côté. L’odeur se fit plus forte à mesure qu’ils avançaient. Ce n’était pas celle d’un lapin ou d’une perdrix. C’était celle d’un gros gibier. Ils commencèrent à aller plus prudemment.

L’endroit était boisé. Mais, s’ils ne pouvaient rien voir, maintenant ils percevaient nettement un fracas de cornes qui se croisaient et s’entrechoquaient, en grand heurt de bataille.



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